Droit Oriental
Les Églises catholiques orientales ont un droit spécifique.
De plus, comme elles sont très minoritaires numériquement, elles ont droit à certaines priorités pour qu'elles soient mieux visibles. Vous trouverez ci-dessous des repères sur :
- l'ordinariat
- le diaconat
- les baptêmes
- les mariages
L’ORDINARIAT
L’ordinariat est aux catholiques orientaux (sans évêque) résidant en France ce qu’un diocèse est pour un catholique latin. On peut parler de diocèse personnel.
Tout en ayant une place spirituelle indépassable, les patriarches et archevêques majeurs orientaux n’ont pas de juridiction en occident : c’est l’Église latine qui prévaut. Cependant, il est nécessaire que les Églises catholiques orientales aient une juridiction propre. En France, Rome a fait de choix de la création d’un ordinariat pour les Églises n’ayant pas d’évêque local. L’ordinaire est donc l’évêque en charge dudit ordinariat.
Voilà comment cela s’exprime dans les prières eucharistiques. Après le pape, on nomme son propre patriarche, puis l’évêque de l’ordinariat (notre évêque Michel) auquel on peut éventuellement ajouter l’évêque latin local (Untel, son frère dans l’épiscopat). Cet ajout est particulièrement bienvenu quand la communauté orientale célèbre dans une église prêtée par la communauté latine.
Les nominations aux différents postes sont faites par l’ordinariat. Il est évident que l’ordinariat ne fait pas de nomination sans s’en référer aux patriarches ou évêques majeurs concernés. Si la communauté orientale se réunit dans les locaux d’une paroisse latine, l’évêque du lieu sera aussi informé.
Attention : c’est bien l’ordinariat qui a juridiction sur les paroisses orientales en France. Ce n’est ni l’évêque des prêtres célébrants, ni leur patriarche, même s’il est tout à fait normal qu’il y ait de saines relations.
Quelques précisions sur la place d'un ordinariat dans l'Église
LES CATHOLIQUES ORIENTAUX CHEZ EUX
Lorsqu’ils résident sur un territoire où leur Église d’appartenance est présente de façon historique, les fidèles catholiques orientaux dépendent de l’évêque de leur Église au soin duquel ils ont été confiés par leur Patriarche.
LES CATHOLIQUES ORIENTAUX A L’ETRANGER, petit nombre
Lorsqu’ils résident en dehors de ces territoires de présence historique de leur Église, ces mêmes fidèles dépendent du soin pastoral du Saint Siège qui y pourvoit en les confiant, par le biais de la Congrégation pour les Églises Orientales, à la sollicitude d’un pasteur qu’il désigne et qui le plus souvent est un évêque diocésain du lieu, latin ou non.
LES CATHOLIQUES ORIENTAUX A L’ETRANGER, groupe local
Lorsque le nombre de fidèles d’une même Église orientale ou la maturité des communautés locales orientales le suggèrent, le Saint Siège peut ériger un exarchat puis une éparchie (diocèse) de l’Église d’appartenance concernée et nommer à sa tête, avec le rang correspondant, un prélat issu de cette même Église.
LES CATHOLIQUES ORIENTAUX A L’ETRANGER, répartition nationale
Dans le cas inverse, lorsqu’un enjeu de coordination dans le soin pastoral apporté à une ou plusieurs communautés orientales implantées sur un territoire de dimension supra-diocésaine le suggère, le Saint Siège peut ériger un Ordinariat qui va assurer ce soin pastoral en son nom, en dialogue avec
· les Primats des différentes Églises orientales concernées
· et les évêques des territoires
sur lesquels ces communautés sont implantées.
A ce jour neuf ordinariats ont été érigés depuis que cette forme juridique a été créée par la Lettre Apostolique Officium Supremi Aspostolatus du 15 juillet 1912.
L’Ordinariat pour les fidèles orientaux dépourvus de hiérarchie de leur église propre sui iurisde France existe depuis 1954. A sa tête se trouve traditionnellement l’archevêque de Paris qui reçoit cette nomination d’Ordinaire d’une façon distincte de celle de son office archiépiscopal.
La juridiction de l’Ordinaire des catholiques orientaux dépourvus de hiérarchie propre s’étend en France à l’ensemble du territoire national. Elle est exercée pour les décisions importantes
· en dialogue avec les Patriarches des fidèles catholiques orientaux concernés
· et lorsque la matière le requiert, en accord avec les évêques latins des territoires concernés
(érection de paroisses, nominations des pasteurs, reconnaissance des associations de fidèles, approbation des instituts de vie consacrée…).
DIACRE
Attention, il peut y avoir de graves confusions. La mise en œuvre du diaconat permanent à la suite du concile Vatican II est spécifique aux latins. Il peut y avoir une confusion avec le rôle du diacre dans la liturgie orientale.
En effet, il y a d’abord un problème de vocabulaire. Le mot diacre chez les orientaux est beaucoup plus large que chez les latins puisqu’il peut être aussi traduit par grand clerc. Ainsi, un diacre oriental n’est pas systématiquement une personne ayant reçu l’ordination diaconale.
Si le diacre oriental tient une grande place dans la liturgie eucharistique, il n’a cependant aucun rôle sacramentel. Par exemple, un mariage célébré par un diacre oriental serait nul. Autre exemple : le baptême oriental étant généralement uni à la confirmation, seul un prêtre peut l’assurer.
Même s’il y a actuellement une évolution, surtout en occident, l’ordination diaconale est souvent conférée comme un remerciement, une manière d’honorer une personne ou une famille. Ce qui bien sûr ne correspond pas à la culture occidentale.
BAPTÊME
Un prêtre/ diacre latin peut baptiser un catholique oriental. Il aura besoin de l'autorisation de l'ordinaire (c’est-à-dire de l’ordinariat dans ce cas). Sur le registre des baptêmes, il faudra écrire en note marginale : pour l’Église chaldéenne, syriaque, melkite, etc. selon les cas.
La préparation du baptême sera assurée dans la paroisse de la famille, selon les directives locales. Il faudra que la paroisse latine précise bien à la famille orientale que le baptême latin n’inclut pas la confirmation et qu’elle devra être célébrée ultérieurement.
MARIAGE
Tout d’abord, quand un mariage a lieu en France entre un latin et un oriental, il est bon que l’oriental ait la priorité, pour respecter le groupe minoritaire.
Le droit oriental entérine une coutume : un mariage est toujours célébré selon les règles de l’Église de l’époux. Sauf exceptions, bien sûr. Cette règle s’applique si le mari est catholique.
Dans le cas d’un mariage de rite d’orientaux par un prêtre ou un diacre dans le rite latin, il est bon de demander une délégation de pouvoir à l’ordinariat.
Si un prêtre oriental célèbre un mariage dans une paroisse latine, il lui faudra la délégation de l’ordinariat et l’autorisation du curé. Dans le registre, il faudra préciser en marge à quelle Église ce mariage se réfère.